L’hypoxie, mécanisme délétère ou bénéfique ?
Etude de l’hypoxie d’altitude - adaptations et intolérances de l’organisme - et de l’hypoxie contrôlée comme moyen d’améliorer la santé
Les mécanismes d’intolérance et d’adaptation de l’organisme humain à l’hypoxie, terme désignant le manque d’apport en oxygène aux tissus, restent flous. La Chaire Montagne-Altitude-Santé, soutenue par la Fondation Université Grenoble Alpes, étudie à la fois l’impact du manque d’oxygène sur les personnes se rendant ou vivant en altitude mais aussi son utilisation comme nouvelle voie thérapeutique pour certaines maladies chroniques.
L’hypoxie et ses effets
L'hypoxie désigne un manque d'apport en oxygène au niveau des tissus de notre organisme. Un tel déséquilibre entre le besoin et l’apport en oxygène peut se manifester lorsque les poumons ne sont pas capables d’oxygéner suffisamment le sang, par exemple dans les cas de broncho-pneumopathies chroniques obstructives (BPCO) ou du syndrome d’apnées du sommeil. Une réduction de la quantité d’oxygène dans les artères (hypoxémie) peut aussi être observée dans certaines situations physiologiques, par exemple en altitude. La Chaire Montagne Altitude Santé travaille à une meilleure compréhension de ses effets à travers deux axes : l’hypoxie d’altitude et l’hypoxie comme moyen d’améliorer la santé et la performance.
Fondation Université Grenoble Alpes
L’hypoxie d’altitude
L’organisme humain développe des mécanismes d’adaptations et d’intolérances en situation d’hypoxie d’altitude. Pour mieux comprendre ces mécanismes et leurs conséquences sur la santé, l’équipe du Dr Samuel Vergès détermine les marqueurs de tolérance, les facteurs prédicteurs d’intolérance et des contre-mesures innovantes dans le cadre de l’Expédition 5300, un programme scientifique et médical dans la ville la plus haute du monde au Pérou, La Rinconada (5300m). Les peuples de haute altitude, par les adaptations qu’ils ont développées au fil des générations, constituent en effet un modèle unique et une source d’inspiration scientifique importante. Un phénotypage exhaustif génétique, épigénétique1, biologique, cardiovasculaire et respiratoire est réalisé sur la population de La Rinconada, en distinguant les habitants présentant ou non des signes d’intolérance à l’hypoxie, et en comparaison avec les populations résidant à une altitude inférieure. Des essais cliniques de certaines interventions thérapeutiques sont conduits pour tenter de compenser les effets potentiellement délétères de l’hypoxie sévère et continue chez ces habitants de haute altitude.
Expédition 5300
L’hypoxie, un moyen d’améliorer la santé ?
Alors que l’hypoxie sévère et chronique est considérée avant tout comme un mécanisme physiopathologique délétère, des résultats originaux issus du Laboratoire HP2 à Grenoble indiquent que l'hypoxie pourrait également constituer un stimulus susceptible d’induire des adaptations bénéfiques à la santé. Ce stimulus pourrait, s’il est dosé précisément et répété de façon appropriée dans le temps, induire des mécanismes de réponses conduisant à un renforcement de l’organisme, le rendant plus résistant face à certaines pathologies chroniques. L’objectif est donc de développer une stratégie préventive et thérapeutique, reposant sur une exposition répétée à une hypoxie d’intensité contrôlée, appelée conditionnement hypoxique. Des premiers travaux ont été conduits par l’équipe dans le domaine de l’obésité et ont fourni les premiers résultats démontrant l’intérêt sur la santé cardiovasculaire des patients d’une exposition régulière (par exemple 3 fois par semaine) à des doses d’hypoxie contrôlée (simulant l’altitude modérée) au repos ou durant un effort physique.
Participation de la Fondation Air Liquide
La Fondation Air Liquide contribue à hauteur de 150 000 euros sur 3 ans au salaire du chercheur post-doctorant.