Recherches à Haute Altitude : un laboratoire naturel pour mieux comprendre les maladies respiratoires
La Fondation Air Liquide finance des projets de recherche fondamentale sur les maladies respiratoires pour mieux comprendre et traiter ces affections. Fin juin, dans le cadre de son soutien, elle a eu le plaisir d’accueillir la Fondation Université Grenoble Alpes et d’échanger sur le projet avec Samuel Verges, Directeur de Recherche INSERM et Responsable de l’Expédition 53001.
Pourquoi avoir choisi la Rinconada pour installer votre laboratoire ?
L’objectif est d’étudier l’adaptation humaine à des conditions extrêmes avec une concentration en oxygène deux fois moins élevée qu’à Paris. Ce lieu offre un laboratoire naturel à 5 000 mètres d’attitude pour analyser l’hypoxie. Le soutien de la Fondation Air Liquide2 est crucial pour gérer la logistique et les équipements nécessaires à cette expédition.
Quel est l'impact sur ces populations vivant quotidiennement à cette altitude ?
L’hypoxie d’altitude a un impact sur l'organisme, nos capacités cognitives et physiques sont diminuées. Les populations locales se sont adaptées génétiquement à cet environnement hypoxique depuis des millénaires, ce qui leur permet de vivre à une telle altitude. Il se sont adaptés physiologiquement : plus de globules rouges et de volume sanguin, mais aussi des risques accrus de problèmes cardiaques et neurocognitifs. 20% de cette population présente des intolérances à l’hypoxie, affectant leur santé globale. Les enfants peuvent eux avoir des difficultés de développement ou être anémiés.
Comment utilisez-vous médicalement les enseignements de vos études ?
Avec ce modèle grandeur nature, nous avons une meilleure compréhension du fonctionnement de l’organisme humain et de ses limites en état d’hypoxie. Il caractérise de grandes maladies que l'on traite dans nos hôpitaux comme la BPCO (3ème cause de mortalité au monde), l'apnée de sommeil ou encore l'hypertension artérielle. Ces connaissances aident à développer des traitements plus efficaces pour ces maladies.
Quelles sont les applications potentielles concrètes de vos recherches ?
Dans le cadre de la Chaire Altitude Santé3, les recherches montrent que l’entraînement en hypoxie peut améliorer la performance sportive et avoir des bénéfices en prévention et traitement de certaines maladies chroniques. Par exemple, exposer des patients obèses ou à risque cardiovasculaire à une hypoxie contrôlée peut stimuler leur organisme de manière bénéfique, semblable à une activité sportive. C’est une des applications concrètes de ces recherches.
--------------------
1 Depuis 2018, Expédition 5300, première équipe scientifique au monde à se rendre à la Rinconada - ville la plus haute du monde, perchée à 5300m d'altitude - tente de percer et comprendre les mécanismes d’adaptation à l’altitude, dans un environnement hypoxique.
2 La Fondation Air Liquide a permis de financer le travail d’un Post Doctorant pendant 3 ans et de publier une vingtaine d’articles scientifiques.
3 Au sein de l’Université Grenoble Alpes et de l’INSERM, le Laboratoire Hypoxie Physiopathologie (HP2) et la Fondation UGA ont constitué un pôle de compétences, de recherche et de valorisation unique en lien avec la montagne, l’altitude et la santé. La chaire Montagne Altitude Santé vise à développer et diffuser la connaissance concernant l’impact de l’environnement de montagne sur la santé humaine.